Un séisme juridique secoue l’institution cinématographique marocaine après la condamnation de Narjiss Nejjar, directrice de la Cinémathèque marocaine, à verser la somme de 4.417.636 dirhams dans le cadre d’un arbitrage qui pointe un manquement contractuel jugé grave, voire volontaire, et lourd de conséquences.
Rendue le 11 avril 2025, la sentence arbitrale ne se contente pas de qualifier les faits d’inexécution contractuelle : elle évoque un comportement entaché de mauvaise foi, d’abus de confiance et d’exploitation d’une position institutionnelle pour obtenir des fonds sans respecter les obligations prévues dans la convention liant les parties.
Cette condamnation, qui vise une haute responsable à la tête d’un établissement public chargé de la mémoire cinématographique nationale, soulève de sérieuses interrogations sur la gouvernance, la transparence et l’intégrité au sein des institutions culturelles.
Plus inquiétant encore : le silence total des autorités concernées. Ni le Centre Cinématographique Marocain, ni le ministère de tutelle n’ont communiqué ou pris position sur cette affaire pourtant lourde de sens. Un mutisme interprété par plusieurs professionnels du secteur comme une forme de protection ou d’indifférence inacceptable.
En coulisses, le malaise grandit. Certains parlent d’un “scandale moral avant d’être financier”, et dénoncent un climat d’impunité où même les condamnations judiciaires ne semblent pas suffire à déclencher des mesures disciplinaires ou administratives.
Pour nombre d’acteurs du monde culturel, maintenir Narjiss Nejjar à la tête de la Cinémathèque après une telle décision revient à porter atteinte à l’éthique professionnelle et à la crédibilité des institutions publiques.
Alors que l’opinion publique attend des explications, la crainte grandit de voir cette affaire étouffée, comme tant d’autres, au nom de l’équilibre ou de la discrétion institutionnelle.
Une question brûlante demeure : jusqu’à quand le silence restera-t-il la seule réponse officielle face à des décisions de justice aussi graves, impliquant des figures publiques occupant des fonctions stratégiques dans la gestion du patrimoine culturel national ?